Quand il arrivait que l’un de ses compagnons se plaigne à lui en raison d’une injustice causée par un tiers, il atténuait ce désagrément puis l’encourageait à l’indulgence et au pardon. Il l’incitait également à se préoccuper de lui-même et de ce qui le concernait. Il désapprouvait en effet l’obstination de certaines gens dans la défense de leur personne tout comme il n’aimait pas ceux qui passaient leur temps dans la calomnie.
Il réprouvait également la rudesse et l’indélicatesse et ceux qui en étaient imprégnés. Un jour une personne détourna mille riyals faisant partie de ses biens (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et les compagnons se mirent à l’humilier en raison de cela. Aussi, Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) prit un papier où il écrivit : « Louange à Allah, il atteste sur lui-même, Ahmed ibn Mohamed Tidjani qu’il a pris untel comme aimé, en ce qu’aucun péché ne peut briser et aucune œuvre ne peut séparer, et ce quoi qu’il ait accompli ». Ensuite, il le donna à celui qui était l’objet des railleries qui fut alors envié par les gens présents.
Indéniablement, Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) cherchait toujours la discrétion et la réserve.
Il s’abandonnait aux recoins de l’oubli et du détachement, ne prêtant guère attention à la création, qu’elle s’empresse vers lui ou au contraire, qu’elle lui manifeste une totale indifférence. Il fuyait (qu’Allah sanctifie son précieux secret) la rencontre des hommes distingués ainsi que les détenteurs de l’autorité et mettait en garde contre le fait de rechercher leur compagnie en disant : « Certainement, ceci est une épreuve dans la religion ». Il détestait être connu de l’un d’eux, à l’exception de celui qui était sincère et dont la visite était en vue d’Allah. Dans ce cas, il lui souhaitait le bien, l’exhortait, l’incitait, et le conseillait. Parmi les marques de son renoncement aux honneurs, il y avait son refus catégorique de rencontrer certains gouverneurs qui avaient sollicité sa présence.
De plus parmi les caractéristiques évidentes de sa bienséance intérieure envers Son Seigneur et Maître le Très Haut, qui se manifestaient dans ses paroles et ses actes, le fait qu’il ne faisait pas de choix avec Allah. Et cela se manifestait à un tel point que lorsqu’il invoquait Allah pour lui-même ou en faveur de quelqu’un d’autre, au sujet d’une affaire dont l’issue est inconnue ou approximative, son invocation consistait à demander à Allah le bien en général.
Il disait souvent (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Je n’invoque que par ma langue ; quant à mon cœur, il est soumis à Allah. ».
Il disait aussi (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Je ne désire rien ! Je ne demande rien ! Tu fais ce que Tu veux ! Et Tu décrètes ce que Tu veux ! » .
Il affirmait (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Certainement, je ne fais que me conformer à la demande des créatures avec la langue et rien de plus, afin de ne pas froisser leurs cœurs. »
Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) enseignait à ses compagnons que certainement ce qu’Allah choisit pour son serviteur est préférable à ce que ce dernier choisirait pour lui-même.
Quant aux invocations stipulées par la révélation, avec ce qu’elles contiennent en tant qu’exhortations, réprobations, rapprochements et lien avec Allah Sanctifiée est Sa Majesté, ou bien celle qui englobent les qualités de la servitude : tel que le fait de manifester le grand besoin, l’adulation, l’imploration, l’assujettissement à Allah le Glorifié ; et celle qui concerne la demande du repentir, du pardon, de la miséricorde, de l’acceptation de ce qui provient de la part d’Allah le Très Haut, il (qu’Allah sanctifie son précieux secret) ne cessait de les réciter avec sa langue et de bon cœur en précisant (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Certainement, ce n’est pas du choix avec Allah, car son accomplissement est ordonné par la Révélation. ». Il lui arrivait souvent de dire cette invocation : « Qu’Allah t’accepte par le biais de Sa grâce et de Son agrément. ».
Parmi ce qui fait partie de sa bienséance, le fait qu’il n’engageait point de discussion au sujet des orientations relatives aux Décrets d’Allah, le Glorifié et le Très-Haut, ni en s’opposant par ses propos à ce qui est advenu, ni en espérant le non-avènement d’un événement en cours de réalisation. Il considérait ces agissements-là comme une opposition envers Allah et une impolitesse à Son égard.
Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) racontait à ce sujet une histoire connue au sujet d’un roi d’autrefois, se déroulant comme il suit :
« Un roi possédait un jeune serviteur très cher à ses yeux, ses commandants l’ont donc interrogé à ce sujet. Par conséquent il a voulu leur monter la marque de sa supériorité. Il sortit alors une pierre immensément précieuse et il leur ordonna de la casser. Or chacun d’eux lui conseilla de la conserver. Puis, il ordonna au jeune serviteur de la casser et celui-ci s’exécuta sur-le-champ, sans aucune hésitation. Suite à cet agissement, le roi le réprimanda avec gravité sur son action, mais la seule réaction de ce dernier fut de ne cesser de l’implorer en ces termes : « ô mon seigneur ! ô mon maître ! ».
À ce moment, le Sultan s’adressa aux autres en disant : « Quant à vous ! Je vous ai ordonné en premier lieu, et vous avez cherchez à me raisonner. Par contre, si vous l’aviez cassé et qu’ensuite je vous en avais fait des reproches, vous auriez incontestablement contesté en disant : « C’est toi qui nous l’a ordonné ! ». Alors que celui-là, il s’est exécuté en premier lieu, puis il m’a imploré en second lieu. C’est pour cette raison que je l’aime. ».
Et tel était l’aspect de la bienséance intérieure de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret).