Il y avait également parmi les serviteurs de Seïdina Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) Sidi Bilal, Sidi Mess’oud, Sidi Baraka, Sidi Mehdi, Sidi Selim Seghir, Sidi ‘Abdallah…Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) était si soucieux de leur bien-être qu’il maria chacun d’entre eux à l’une des servantes de la maison et ce souci s’étendait aussi aux animaux domestiques, car il ne laissait jamais un mâle ou une femelle sans lui fournir un partenaire.
Il mettait d’ailleurs en garde ses disciples à ce sujet en leur disant (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Celui qui a une servante et qui ne veut pas d’elle, mais qui ne la laisse pas non plus épouser quelqu’un d’autre, alors il n’a qu’à poser ce chapelet ; plus rien ne le lie à nous. » Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) était doux et clément devant leurs erreurs, veillant à réparer leurs torts avec justice le cas échéant. Une fois l’un de ses jeunes serviteurs a frappé une personne et lui a cassé une dent. L’affaire fut portée devant le juge qui leur dit : « Sidi Ahmed Tidjani est plus en droit que moi pour rendre une sentence sur cet évènement, aussi je vous exhorte à aller le voir. »
L’officier les emmena tous deux et ils entrèrent dans la maison de Seïdina Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Celui-ci sortit cinquante-deux grands riyals en disant à la victime : « Prends cela et si tu désires que l’on te rajoute, on te rajoutera. » Mais il refusa et il dit : « Je lui pardonne pour toi. » Seïdina ne cessa pas de lui demander de prendre et l’autre de répondre à chaque fois : « Je lui pardonne pour toi » jusqu’à ce que finalement il se contenta de prendre deux de ces riyals et de les donner à l’officier.
Alors ils retournèrent auprès du juge et l’informèrent de la situation. Il s’exclama en ces termes : « Qu’Allah soit satisfait de Sidi Ahmed, il est le plus apte à rendre justice ». Puis il ordonna à l’homme de se rendre auprès du témoin instrumentaire afin qu’il notifie la reconnaissance d’encaissement et d’acquittement et qu’il l’envoie à Seïdina, qui suite à cela ne fit aucun reproche au jeune serviteur.
Les provisions quotidiennes destinées à l’usage de la maison de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) étaient considérables, au point que les gens qui ne le connaissaient pas croyaient qu’il s’agissait là des provisions de plusieurs maisons. Il stockait des vivres pour une année, céréales, huiles, miel, et fruits, en quantité suffisante pour sa famille ainsi que ses invités, de manière à pouvoir en disposer avec abondance et ainsi offrir des repas préparés avec largesse et générosité.
Le but était de les contenter et de déverser sur eux les bienfaits de leur Seigneur, non pas en vue du confort et du raffinement. Il déclarait parfois que si ce n’était par délicatesse envers eux et par volonté de se mettre à leur niveau de compréhension en les préservant ainsi du désir de posséder ce que détiennent les gens, il n’aurait gardé aucune provision chez lui. Lui-même (qu’Allah sanctifie son précieux secret) ne prenait qu’un seul repas par jour vers le milieu de la matinée. Il en mangeait un peu puis en distribuait le reste.
Il subvenait aux besoins de ses invités, des faibles et des besogneux en quête d’Allah parmi ceux qui lui tenaient compagnie. S’ajoutait à cette catégorie de gens, ceux dont il assumait les dépenses et ceux qui venaient chez lui. Il pourvoyait ainsi aux besoins d’un nombre incalculable de gens, en parlant du bienfait d’Allah à son égard il dit une fois : « Si je voulais dépenser pour soixante-dix mille demeures, certainement je l’aurais fait. ». Une cargaison entière de blé suffisait à peine pour deux ou trois jours, quant aux moments où les délégations de visiteurs affluaient chez lui (qu’Allah sanctifie son précieux secret), aucune estimation quantitative ne pouvait être faite.
Malgré cela, il n’éprouvait pas la moindre inquiétude, quel que soit le nombre de ses visiteurs. Parmi ses habitudes, il ne destinait rien à ses invités ou à d’autres sans avoir au préalable contenté les gens de sa maison. Par contre, si un jour il réservait à ses visiteurs un plat dont il ne disposait pas suffisamment chez lui, il en préparait immanquablement un autre à l’adresse de sa famille. En effet, il veillait à ne pas favoriser un devoir aux dépens d’un autre. Quand il y avait un reste de plat, il cherchait quelqu’un pour se charger de le terminer sur-le-champ. Dans l’éventualité où il envoyait à l’extérieur de la nourriture destinée à ses invités et que ceux-ci n’avaient pas tout consommé, Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) donnait ce reste en aumône. Ainsi rien de ce qu’il dépensait en nourriture pour Allah Le Très-Haut ne revenait chez lui.
Un jour, il évoqua (qu’Allah sanctifie son précieux secret) le sujet du don et de son acceptation. Il souligna qu’il devait s’effectuer uniquement par Allah et pour Allah. Il stipula en outre que le don ou son acceptation pour autre qu’Allah le Très Haut aurait pour résultante le malheur. Puis il clama (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Celui qui me donne quelque chose pour ma propre personne aura récolté le malheur. »
Une fois il fut interrogé sur la raison pour laquelle souvent il n’acceptait pas les dons alors que le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) les acceptait, il dit : « Auparavant les dons étaient des dons, mais aujourd’hui ils sont devenus des pots-de-vin. »
Un jour un homme est venu auprès de lui (qu’Allah sanctifie son précieux secret) puis il lui adressa ces paroles : « ô mon maître ! Je te fais don de telle part de mon argent par amour pour toi et en tant que rançon de ma part. » Il accepta son offre et le posa entre ses mains.
Puis, ce dernier lui chuchota à l’oreille en disant : « ô mon maître, je te demande de me faire ceci et cela ! ». Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui dit alors : « Reprends ton bien ! » et il ne l’accepta pas de lui.
Parmi ses habitudes (qu’Allah sanctifie son précieux secret), il dépensait en aumônes de jour comme de nuit. Chaque semaine, il distribuait du blé aux besogneux de la région parmi les faibles, les orphelins, les veuves et tous les nécessiteux en fonction de la situation de chacun. De même, lors de chaque fête de ‘Aïd, il distribuait en début de matinée du pain aux enfants à partir du seuil de sa maison. Il agissait de même envers celui qui était dans l’incapacité d’assumer ses propres besoins parmi ses compagnons (qu’Allah sanctifie son précieux secret), et il les aidait financièrement. Il dépensait ainsi des fortunes et des dons considérables hors de la portée de n’importe quel riche commerçant, et ce n’était là qu’un aperçu des nombreux signes et prodiges d’Allah et une bénédiction Mohammadienne parmi celles héritées du bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui).
Les gens atteints par la maladie du doute faisaient courir la rumeur qu’il utilisait la science de l’alchimie et lorsqu’ils voyaient l’énorme charge de charbon nécessaire aux besoins de la maison, ils prétendaient que c’était pour les transformer en or.
Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) était ainsi constamment bienveillant envers tout un chacun. Qu’ils soient citadins ou Bédouins, il les considérait comme ses propres enfants, ou comme ses frères, ou encore comme des amis. Même les animaux recevaient leur part de générosité, car il envoyait chaque soir un de ses serviteurs nourrir les chats du quartier.